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Constellation 

Primal Scream : Screamdelica

La recherche de l’absolu est une quête incessante, vaine certes, mais profondément humaine. Chaque personne, à un moment de sa vie au moins, se demande : que se passe-t-il après la mort ? Aujourd’hui, on va s’intéresser à un album qui pose plutôt la question de savoir ce qu’il se passe pendant la vie. Et ça, c’est funky. Disons-le d’emblée, cette chronique ne sera pas objective. 



Récapitulatif pour l’assistance

 

Primal Scream, groupe écossais, dont chaque disque semble être une réaction au précédent, fondé dans les 80’s. Nous sommes en 1991, le groupe se nourrit d’un mélange d’influences musicales diverses et variées, d’ecstasy, de speed, de LSD, ainsi que d’une bonne dose de JD and coke entre autres superaliments, alors que les frontières entre électro et rock sont en train d’être abolies grâce à des groupes comme New Order, les Happy Mondays ou les Stone Roses. Screamadelica sera le dernier clou dans le cercueil du « genre », et le band finira sa route au bord de l’implosion après avoir raflé pour cette pépite le premier Mercury Prize ever, à la suite de longues années de pure débauche, suivant la règle selon laquelle plus grandes sont les hauteurs, plus complètes les profondeurs. 



 

Noms clés 

 

Primal Scream : nom du groupe

1991 : année de sortie

Bobby Gillespie :  fondateur et chanteur du groupe

Andrew Innes : guitariste du groupe

Robert Young : guitariste du groupe, chanteur principal sur Slip Inside this House

Martin Duffy : clavieriste du groupe

Philip « Toby » Tomanov : batteur du groupe

Alan McGee : gérant du label Creation Records (My Bloody Valentine : Teenage Fanclub, Oasis…) diffusant le groupe, ami d’enfance de Bobby Gillespie et premier supporter des Scream

Denise Johnson : chanteuse principale sur Don’t Fight it, Feel it

Andrew Weatherall : producteur de génie, DJ, journaliste, l’homme derrière 8 des morceaux de Screamadelica, notamment le monstrueux Loaded sorti en février 1990

The Orb : Djs, producteurs de la track Higher Than the Sun

Jimmy Miller : producteur historique des Rolling Stones (Let it Bleed, Sticky Fingers, Exile on Main Street etc..), guest star du disque à la production sur deux tracks (Movin’ On Up, Damaged)

Ecstasy, Molly, D, X, XTC, Mandy, Marie-Danielle, 3,4-méthylènedioxy-N-méthylamphétamine, MDMA : le truc en plus qui a changé la vie du groupe, introduit par Alan McGee (voir au-dessus).


Le pitch

 

Ce disque n’est pas un disque. Ou alors, c’est autre chose sous la forme d’un disque. Plus précisément, une déclaration de principe, portée par la voix de Peter Fonda dans le film de 1966 The Wild Angels, samplée au début du single Loaded, remix par Andrew Weatherall du morceaux I’m Losing More Than I’ll ever Have du second album éponyme de Primal Scream, remix qui embrasa les dancefloors d’Albion et d’Alba, sample qui dit : nous voulons être libres de faire tout ce que nous voulons faire, et nous voulons prendre du bon temps, nous allons faire la fête. C’est exactement ce qu’ont fait les Scream.

 

 

La soirée d’une vie


Bobby Gillespie and co ouvrent le bal sur morceau stonien au possible, suivi par une reprise — voire une adaptation — du classique psychédélique des 13th Floor Elevators Slip Inside this House — dont le refrain est réécrit pour l’occasion de façon idoine Trip Inside this House — qui nous  fait dire que, nous aussi on aimerait pouvoir, on sait qu’on peut, on aimerait le faire, avant d’embrayer sur la montée, la soirée débute, je vais vivre la vie que je veux aimer, aimer la vie que je vis, je le sais c’est désormais une évidence qu’énonce Denise Johnson de sa voix magnifique,  avant d’atteindre le magistral Higher than the Sun, cet OVNI produit par The Orb, qui permet à Gillespie de donner un aperçu clair et net de sa philosophie de vie, au croisement des mouvements punk et rave :

 

« I live just for today, don't care about tomorrow

What I've got in my head, you can't buy, steal or borrow

I believe in live and let live 

I believe you get what you give»

 

S’ensuivent 22 minutes de trip, entre vol intérieur, rassemblement de foule et danse primale avec notamment l’incroyable Come Together et le légendaire Loaded, entre gospels, sons de jeux vidéos, trompettes décadentes et autres annonces du genre « we know that music is music » « we are unified » piquées sourcées notamment chez Jesse Jackson, puis la drogue redescend, on est endommagé mais c’était beau, on est toujours un peu défoncé, encore plus haut que le soleil, et l’on finit par briller dans le ciel comme des étoiles. On en veut encore. God Bless, je suis en autorepeat.

 

 

Ok mais on va où ?  



 

Récemment, j’ai lu un commentaire Reddit d’un.e utilisateur.ice qui pensait que le soleil de la pochette était un portrait de Gillespie sous acide. J’aime bien cette idée. Parce que ce drôle de soleil vole clairement plus haut qu’il ne devrait le faire, et quand des artistes décident de concevoir un disque du niveau de Pet Sounds, il faut effectivement qu’il soient bien loin de la stratosphère. Le fait qu’un album pareil ait simplement pu exister relève de la folie, ne serait-ce que par les circonstances dans lesquelles il a pris forme. Qu’il ait pu influencer des artistes aussi variés qu’Oasis ou les Prodigy est aussi un exploit au moins aussi formidable, dont on retrouve les traces encore aujourd’hui, que ce soit chez Panda Bear ou plus récemment Charli XCX. Bobby Gillespie, coeur du réacteur Primal Scream, l’a lui-même dit un jour en interview, ce dont il est le plus fier, c’est de cette influence qui ne connait aucune limite.

 

Avec ces onze pistes, Primal Scream nous offre une vie entière, le temps d’une nuit. C’est un peu comme Under the Volcano de Malcolm Lowry, chez qui une journée de quelques 500 pages est plus intense que la majorité des livres que vous avez chez vous. Notons que l’unité de l’ensemble est impressionnante, sachant que la majorité des morceaux était déjà sortie en tant que singles à part entière. Ce disque, à la fois câlin auditif et claque dans la gueule, est du genre des trucs qui s’écoutent tant quand ça va bien que lorsque ça va mal.

 

Disons le franchement, cet album est un classique. Parce qu’il a révolutionné la façon de penser la musique populaire, mais aussi et surtout parce que tout en restant un produit de son époque, il résonne encore de façon résolument contemporaine. Screamdelica est de ces disques qui ne s’oublient pas, et, peut-être plus important, ne se négligent pas. Alors, lancez-le là, tout de suite, maintenant. Si votre journée a été formidable, lâchez-vous sur Don’t fight it, Feel it. Et si elle a été vraiment merdique, n’oubliez pas :

« To me you're precious may you always

Shine like stars »

 

Si le disque ne vous suffit pas : écoutez le mix de Terry Farley du single Loaded.

 

Aussi, les drogues sont dangereuses pour la santé. Un article de Rafaël DEVILLE.


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